Il y a quelques minutes de cela, j'avais reçu un message de Dylan. Ce dernier n'avait pas l'air bien du tout et m'appris qu'il venait de rompre avec Cody. D'un côté j'étais vraiment content qu'il ne soit plus avec cet abruti de première, mais de l'autre j'avais légèrement peur des raisons de leur rupture, surtout que Dylan voulait me parler en face à face chez lui. C'est vrai qu'il voudrait peut-être me faire partager sa souffrance, le fait d'avoir le cœur brisé...mais j'ai bien peur que derrière ça, se cache un plus gros problème. Un de ceux qu'on essaye d'éviter, mais qui nous retombe toujours sur la gueule un jour ou l'autre. Franchement, j'étais pas bien. J'appréhendais vraiment ce qui allait arriver chez Dylan. Mais avant tout, je passa à la pharmacie pour récupérer tout ce dont il avait besoin : un paquet de mouchoirs, des anti-douleurs, de la crème pour les ecchymoses mais aussi du sirop pour la gorge. Je ne savais pas ce qu'il avait fait durant mon absence, mais ça devait pas être joyeux !

Après être donc passé à la pharmacie au coin de la rue de Dylan, j'arrivais chez lui. Je me garais devant l'allée avant de descendre en empoignant le sac blanc et vert typique de la pharmacie. Je marchais à tâtonnements, appréhendant vraiment ce qu'il pourrait me dire, mais je finis par sonner en attendant qu'il ouvre la porte. Il ne tarda pas à ouvrir. Il avait vraiment une mine dévastée, comme celle qu'on a après les ruptures. C'était pas beau à voir mais ça faisait surtout mal de voir comment Cody l'avait laissé. Putain, qu'est-ce que je le haïs ce mec ! Dylan me fixa droit dans les yeux pendant d'interminables secondes et, à ce moment-là, j'avais vraiment envie de me faire tout petit ou de me barrer, au choix. Mais je pouvais vraiment pas le laisser comme ça. Et puis, au bout d'un certain temps, il finit enfin par me laisser entrer, sans un mot. Et là, je vis sa baraque sans dessus dessous. Des lampes dénudées, des vases éclatés en morceaux par terre, ainsi que des assiettes qui parsemaient le sol de leur blancheur. Je ne préférais rien dire et avancer tranquillement jusqu'au canapé, enjambant les débris éparpillés. Je m'assis tranquillement en posant la poche de médicaments et autres sur la table basse tout en observant Dylan arriver vers moi, s'asseyant lui aussi avec sa tasse dans les mains. Je me tournais légèrement vers lui pour pouvoir le regarder dans les yeux. A sa voix cassée, je savais qu'il avait dû crier pendant très longtemps ou sinon c'était tout simplement qu'il était malade. Enfin bref, là n'était pas le réel problème. Au début je ne voyais pas bien de quoi il voulait parler. Qui lui avait dit quoi ? Quoi j'ai rien dit ? Je suis parti ? Mais de quoi il parle ? Il ne me regardait pas dans les yeux et cela me perturbait, autant que ses questions à vrai dire. Ce n'est que dès qu'il me rendit ma gourmette que je compris le fond de sa pensée. Je la serra dans la paume de ma main en la regardant avant de relever les yeux vers lui. J'étais perdu. Je jouais avec mes doigts pour essayer de me calmer

« - Je...je sais pas par où commencer... Je sais pas...je sais pas quoi dire... Tu m'as pris de court là... Mais je voudrais commencer par m'excuser... Je n'aurais pas dû partir de cette façon, c'était vraiment lâche de ma part... Mais...mais j'ai culpabilisé et j'ai...je me sentais pas capable d'assumer d'avoir fait ça...avec toi. Enfin...avec un homme... Et quand j'ai commencé à vouloir enfin l'assumer et te le dire... Cody m'a devancé et m'a piqué tout ce qui m'appartenait pour que tu lui appartiennes à ton tour... Et puis lorsque vous étiez enfin ensemble, je ne voulais pas te faire souffrir avec ça alors j'ai laissé couler... »

J'avais du mal à trouver mes mots et, au bout d'un moment, je baissa la tête, fixant un point invisible devant moi. J'ouvris ma main et observais lentement ma gourmette. Puis je repris mon souffle avant de soupirer et de recommencer à parler.

« - Mais à chaque...à chaque fois qu'il posait son regard ou bien même sa main sur toi ou que... ou qu'il te faisait du mal...j'arrivais pas à me contrôler et j'avais envie de l'éclater...de le frapper aussi fort que la douleur que tu avais subi... »

Cette fois, je relevais de nouveau les yeux vers lui pour plonger mes yeux tristes dans les siens. Il fallait que je lui dise la vérité, même si Cody avait énoncé sa version.

« - Si nous nous sommes battus la dernière fois, c'est parce que je n'ai pas supporté une seconde de plus qu'il t'ait menti et enlevé à moi... »

Je ne savais pas vraiment quoi dire d'autre... J'avais tout déballé d'un coup et je pensais que c'était mieux. J'étais dans un état de faiblesse extrême et je n'aimais pas vraiment ça mais en même temps c'était la vérité. Depuis cette fameuse nuit, j'avais vraiment développé des sentiments pour lui. Mais je n'arrivais pas à les exprimer autrement qu'en passant un peu de temps avec lui et en me taisant depuis tout ce temps.
   

Faire ces aveux étaient contradictoires. En même temps ça me faisait mal au cœur de dire tout ça comme ça mais en même temps je me sentais libéré d'un poids énorme qui me pesait depuis bien longtemps. Cela semblait être la même chose du côté de Tyler. Les yeux rouges et la voix cassée, il m'avoua qu'il m'aimait depuis bien plus longtemps que je ne le pensais. Ce fut le choc. Quatre putain d'années ? Mais comment je n'ai pas pu voir ce qui sautait aux yeux alors que tous les autres, toutes les autres personnes du tournage de Teen Wolf l'avait remarqué ? Je ne suis vraiment qu'un abruti... Si j'avais fait un peu plus attention à lui au lieu de le considérer que comme un simple ami... Quand je me dis que tous ces moments passés avec lui, même quand nous avions une collocation ensemble, étaient destinés à me faire comprendre qu'il avait des sentiments pour moi. Je ne suis vraiment qu'un crétin putain ! L'avoir fait souffrir autant de temps est horrible de ma part... Je me sens vraiment con et je n'arrive même plus à relever les yeux vers lui quand je lui réponds.

« - Je...je suis désolé je n'ai rien remarqué... Je croyais que nous n'étions que des simples amis mais je me suis lourdement trompé... Je..., je me pris la tête dans les mains en ne pensant qu'à ça, je me sens vraiment nul de t'avoir fait enduré tout ça, tout cet amour à sens unique pendant quatre ans alors que ce n'est maintenant plus le cas. »

En l'entendant pleurer et à la voix qu'il avait, je n'arrivais même pas à relever les yeux vers lui tellement j'étais mal. J'avais peur que si je relevais les yeux, je me sentirais encore plus horrible à son égard. Mais même maintenant, je me dégoute. Je l'écoutais attentivement parler de la soirée chez Ian et de Cody. Putain, quand je me dis que si j'avais remarqué ses sentiments, rien de tout cela ne serait arrivé ! Je ne suis qu'un abruti de première...j'en ai marre de lui faire du mal à ce point. Finalement, je me dis que Cody n'est peut-être pas le pire de nous deux... Mais je n'arrivais toujours pas à répondre à toutes les questions que se posaient Dylan. Sauf que, même si je suis un véritable con, je suis terriblement jaloux de savoir qu'il m'aime autant moi que Cody. Quand j'entendis ces dernières paroles et qu'il pleurait en même temps, complètement recroquevillé sur lui-même, je ne pus m'empêcher de vouloir le rassurer. Je voulais qu'il se rappelle, qu'il se souvienne de cette nuit comme moi je m'en rappelle. Je veux qu'il se remémore tout ce qu'il a ressenti, même s'il n'arrive pas à réfléchir, ce n'est pas le problème, tant qu'il arrive à comprendre ce que je veux lui faire se rappeler.

Alors, je pose ma gourmette sur la table basse et me rapproche de lui doucement. Je lui prends la tasse des mains que je pose aussi sur la table et lui relève avec délicatesse la tête en gardant son menton entre mes doigts. Plongeant mes yeux dans les siens, je les regarde l'un après l'autre avant de fixer attentivement ses lèvres tremblantes.

« - Je vais te faire te souvenir..., murmurais-je avant de l'embrasser délicatement. »

Après notre premier baiser, je détachais mes lèvres des siennes en soufflant et en le regardant dans les yeux. Son regard me fit fondre et je ne pus m'empêcher de l'embrasser de nouveau en me mettant un peu plus au-dessus de lui et en me soutenant au canapé. Il m'arrivait aussi de passer mes doigts dans ses cheveux châtains pour essayer de le rassurer mais surtout parce que j'en avais terriblement envie depuis la nuit chez Ian.